Sud-Kivu : Les coutumes rétrogrades empêchent les femmes à accéder à la terre lors du partage de l’héritage.

14-08-2017 12:44:07

Dans certaines coutumes de la province du sud Kivu, les femmes n'ont pas droit à l'héritage surtout à la terre. A la mort de leur père, elles sont oubliées.­ « Quand j'ai perdue mon père, notre famille étant constituée uniquement des filles, les anciens du village ont fait hériter le fils de mon oncle paternel.» Témoigne Mathilde Nyahungu une femme de Kavumu lors d'une émission publique de radio maendeleo organisée dans le cadre du projet Femme au Fone.

Lors du partage de l'héritage les femmes ne sont pas considérées. Elles héritent beaucoup plus souvent les pagnes, les ustensiles de cuisine et autre chose de moindres valeurs.

En parlant de la terre ce sont les femmes qui s'occupent en grande partie de l'agriculture mais malheureusement disposent rarement de titres de propriétés à leur noms, ces titres sont en majorité aux noms de leurs maris ou de leurs enfants garçons.

En milieu rural, très souvent les biens des valeurs sont donnés lors de l'héritage aux hommes comme par exemple les bétails ; les champs, les maisons. Pourtant ce sont ces biens là qui constituent la richesse principale de nombreuses familles. La terre constitue une richesse du fait qu'elle peut être exploitée de différente manière, elle sert pour la culture et pour la construction des maisons.

Dans le territoire de Kabare par exemple les femmes rencontrées par Femme au Fone se plaignent et disent que le fait qu'elles n'ont pas des portions de terre lors de l'héritage elles vivent dans la pauvreté.

Le mari décédé, la femme délaissée

Lorsque il s'agit d'une femme qui a perdu son mari ; lors du partage de bien elle est abandonnée à son triste sort surtout si elle n'avait pas mis au monde les enfants du sexe masculin. Les frères du défunt se procurent tous les biens et par conséquent la veuve et ses enfants mènent une vie misérable.

« J'ai droit aussi d'hériter les biens laissés par mon mari mais cela n'a pas été fait. Depuis qu'il est mort je n'ai plus de maison. Je vis chez mes parents avec mes enfants. Pourtant mon mari avait des champs et une maison. Les frères de mon mari ont pris tout parce que seulement ils estiment que je suis une femme » se lamente une veuve de Kavumu.

Cette femme éprouve d'énorme difficultés pour élever ses enfants car dépossédée de tous les biens familiaux par les frères de son défunt mari. Cette situation est vécue même chez les jeunes filles qui vivent encore sur leur toit familial. Au décès du père, les champs et autre bien de valeur sont donné aux hommes sous prétexte que les filles vont se marier et vont jouir des biens de leur mari. Une fois mariées, des femmes font de l'exploitation des biens comme épouse, mais n'ont aucune propriété dessus.

Un pas vers le changement

Grace aux sensibilisations des organisations de défense des droits de la femme certaines femmes ont accès à la terre. Guillain kalibanya chef de groupement de Kavumu renseigne que souvent il y a des plaintes déposées par des femmes lorsqu'elles sont exclues d'accéder à l'héritage de la terre. « Il y'avait un sérieux problème ici à kavumu lors du partage de l'héritage ; actuellement avec plusieurs séances des sensibilisations des certaines organisations, certaine rares familles octroient déjà aux femmes la terre lors du partage de l'héritage. Je pense qu'avec le temps ca sera généralisé ».

Guillain Kalibanya précise que des coutumes rétrogrades freinent encore dans certains villages l'accès des femmes à l'héritage de la terre. Il indique que dans certaines familles en cas de conflit, des séances de médiation sont faites pour trouver une solution.

Honorine Nankafu chef adjointe de sous village à Kavumu renseigne que souvent il y a des femmes qui viennent demander leur accompagnement afin qu'elles soient remises dans leur droit.

« Si la victime n'est pas remise dans ses droits nous faisons recourt aux différentes autorités pour faire comprendre à cette famille que la femme à aussi droit à la terre lors de l'héritage »

Les hommes et les femmes ont tous les mêmes droits

L'article 758 du code civil livre III stipule que « les enfants du cujus nés dans le mariage et ceux nés hors mariage mais affiliés de son vivant ainsi que les enfants adoptifs forment la première catégorie des héritiers de la succession. »

Selon maitre Moise Bahati avocat au barreau de Bukavu, la loi ne fait aucune distinction entre enfants garçons et filles. Elle parle uniquement d'enfants du de cujus.

Le même article à son alinéa b. explique que le conjoint survivant fait partie de la deuxième catégorie. Ici aussi, aucune distinction entre conjoint femme et conjoint homme.

« Aucune discrimination ne devrait être faite en matière d'héritage que ce soit pour les enfants filles et garçons ou encore de la femme qui vient à être laissé par son époux » conclut maitre Moise Bahati.

Notre source appelle les personnes qui estiment être injustement écartés dans la succession à saisir les instances judiciaires afin qu'elles soient rétablies dans leurs droits. A l'Etat, il recommande de vulgariser les textes de lois qui protègent les droits des femmes en matière de succession, afin que tout le monde en prenne connaissance car, estime Me Moise, on ne peut pas revendiquer un droit que l'on ignore.

Mapendo Linda

Femme au Fone